En cliquant sur les onglets ci-dessus, vous pourrez retrouver les souvenirs de la venue de Michel Butor à Mons-en-Barœul le samedi 5 mars 2011 (Le retour dans sa maison natale, l'hommage à la Maison Folie du Fort de Mons et des moments émouvants avec notamment un vivat flamand et la découverte de l'iPad lors d'un repas à l'Hamadryade de Villeneuve d'Ascq). Le samedi 5 mars après midi Michel Butor a inauguré au musée Sandelin à St Omer une exposition qui lui était consacré (onglet St Omer). Nous avons ajouté les émotions du 18 mai 2012 à Mons (restaurant du Fort, découverte de la bibliothèque et vernissage dans la salle d'exposition du fort) et le lendemain lors d'une visite privée au musée de la piscine de Roubaix et son intervention à la médiathèque l'Odyssée à Lomme. Merci au groupe des amis de Michel Butor qui a permis à Michel Butor de retrouver sa ville natale.

L'innovateur perpétuel


L'innovateur perpétuel

Publié par Claire Devarrieux dans Libération le 24 août 2016

Auteur de « la Modification », Michel Butor était le dernier représentant du Nouveau roman. Il s'est éteint à l'âge de 89 ans.


Portrait de l'écrivain Michel Butor chez lui à Lucinges en Haute-Savoie en juillet 2008. Photo Olivier Roller. Divergence 


Il était le dernier représentant du Nouveau roman, mouvement littéraire réuni dans les années 50 et 60 autour de Jérôme Lindon aux éditions de Minuit. Michel Butor, dont on apprend la disparition ce mercredi soir, alors qu’il s’apprêtait à fêter ses 90 ans le 14 septembre, s’était cependant éloigné très vite de ce groupe qui n’en était pas vraiment un, et qui avait reçu son étiquette - artificielle et commode, comme elles le sont toutes - d’un chroniqueur du Monde.

Il n’avait pas associé toute son œuvre à l’éditeur qui fit sa réputation. Des écrivains comme Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, cheminèrent sous la même étoile, jusqu’à la fin. Pas Michel Butor. Mais c’est lui qui apporta à la maison son premier grand prix : le Renaudot en 1957 pour la Modification. C’est aussi le roman de lui dont on se souvient le plus. Pour certains, c’est même le seul.

Injustice d’une carrière extraordinairement féconde et jamais interrompue : Michel Butor a signé plus de deux cents livres, recueils, plaquettes, catalogues pour des plasticiens (dont il conservait chaque édition en quatre exemplaires, pour chacune de ses filles, comme peut le permettre une vaste maison en Haute-Savoie). Son inventivité le menait dans toute sorte de domaines, la poésie, le scénario, l’essai. Mais on voulait toujours le ramener aux romans des débuts, lui qui n’en écrivait plus.


Il faut dire que la Modification est un chef-d’œuvre inusable, qui n’en finit pas d’influencer les écrivains d’aujourd’hui - même s’ils ne le savent pas, ou plus. Entièrement écrit à la deuxième personne du pluriel, c’est un monologue intérieur magistral, la confrontation d’un homme avec lui-même, avec ses trahisons, avec ses désirs, pendant un trajet de nuit en train, de Paris à Rome. Il devrait retrouver sa maîtresse, il s’en reviendra auprès de sa femme et de ses enfants. « Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. » Ce sont les premières lignes, fidèles à cette « école du regard » (autre nom pour le Nouveau roman), qui a fait de la description son cheval de Troie. Elle remplace l’intrigue dynamitée.