Quand on parle de Mons-en-Barœul, à propos de Michel Butor.
Un article d'Alain Cadet paru dans la Voix du Nord du vendredi 2 février 2018.
Michel Butor devant sa maison natale du 139 rue du Général-de-Gaulle.
Michel Butor, né à Mons en 1926, est décédé en août 2016. Sa
maison de Lucinges, en Haute-Savoie, vient d’être rachetée par la communauté de
communes d’Annemasse pour y développer un projet culturel. Les responsables du projet ont été intrigués
par la présence d’objets faisant référence à Mons-en-Barœul.
Michel Butor était un grand voyageur. Il a exploré des
univers littéraires inconnus, comme le Nouveau Roman dont il fut l’une des
figures tutélaires. Mais, c’était aussi un globe-trotter impénitent. Pour
rencontrer l’écrivain, il fallait s’y prendre un ou deux ans à l’avance. On le
savait au Japon, aux États-Unis, en Afrique, en Amérique du Sud et, soudain,
comme par enchantement, il réapparaissait du côté de la rue du
Général-de-Gaulle. Cet événement se produisit le 5 mars 2011. Michel Butor,
après 80 ans d’absence, redécouvrait l’endroit qui l’avait vu naître. « Je suis
ému, mais je fais en sorte que cela ne se voie pas » avait-il glissé milieu de
la foule des curieux qui se pressaient au nº139, ce matin-là.
Une valise remplie de cadeaux
L’écrivain avait été bien reçu par la propriétaire actuelle,
Véronique Canivet, ancienne élève des Arts Décoratifs de Paris et fine
connaisseuse des œuvres de l’écrivain critique d’art, Michel Butor. Ensuite, le
maire lui avait offert une magnifique aquarelle de la maison, réalisée par
Eugène Kwiatkowski, un grand talent monsois. Enfin, il y avait eu un spectacle
et une petite fête au Fort.
La valise remise à Michel Butor lors de sa venue dans sa ville natale figure parmi les nombreux souvenirs de ce grand voyageur dans sa maison de Lucinges.
Alors, les Amis de Michel Butor avaient remis à
l’écrivain-voyageur une valise réalisée par le poète plasticien Parviz Lak.
Bien qu’elle fût en carton, elle avait tellement bien été décorée qu’il s’en
dégageait une grande poésie. À l’intérieur, comme dans un inventaire à la
Prévert on trouvait : les petits blocs-notes dans la marque que Michel Butor à
utilisée toute sa vie, des livres d’histoire locale, les journaux annonçant
l’événement du jour, un portrait de l’écrivain, réalisé tout spécialement par
François Boucq, un livre manuscrit avec beaucoup de photographies racontant
l’histoire de la rue et, collés à l’intérieur, les copies des extraits de
naissance et de baptême datant de 1926.
La valise offerte à Michel Butor, créée par artiste Parvis Lak.
Un lieu de résidence pour les jeunes écrivains
Désormais, la communauté de communes d’Annemasse veut
acquérir, à l’aide d’une souscription tous les livres et objets familiers.
Ainsi, ce lieu si bien nommé, « À l’écart », pourra rester semblable à ce qu’il
était du temps de la vie de l’écrivain… avec l’aquarelle du nº 139 et la valise
garnie. Il deviendra, une sorte de musée de la littérature en même temps qu’un
lieu de résidence pour de jeunes écrivains.
« Les écrivains nous invitent à chercher dans les maisons
qu’ils ont habitées le secret de leur œuvre », a écrit Michel Butor. A. C. (
CLP)