RÉACTIONS
À l'annonce de la disparition de l'écrivain, de
nombreuses personnalités se sont exprimées dans les médias et sur les réseaux
sociaux. Beaucoup retiendront un écrivain «explorateur», curieux et
éternellement novateur.
L'écrivain, romancier et homme de lettres Michel Butor s'est
éteint mercredi 24 août à l'hôpital de Contamine-sur-Arve, en Haute-Savoie, non
loin de son domicile, à l'âge de 89 ans.
La disparition de l'écrivain et poète, figure phare du
Nouveau Roman, n'a laissé personne indifférent dans le monde de la culture et
de la politique. L'homme éveille tant bien de l'admiration et de la déférence
liées à son statut, qu'une forme d'affection presque intime qu'il aurait
développée avec ses lecteurs par le biais de ses écrits.
Tous rappellent sa formidable carrière, notamment aux côtés
d'Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute et Claude Simon; son prix Renaudot
pour La Modification, comme le grand prix de littérature que lui décerna
l'Académie française en 2013 pour l'intégralité de son œuvre.
Un « explorateur » de la littérature
Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la
Communication, souligne son aura de «chiffonnier poète», toujours « animé(e)
d'un formidable appétit de découvertes et d'expériences », qu'il n'aura eu de
cesse de partager via l'écriture.
François Hollande, saluant d'une même façon l'appétence
intellectuelle du poète, perpétuel innovateur, rend hommage à un « grand
explorateur de la littérature », expérimentateur de l'écrit, « souvent dans le
dialogue avec d'autres arts, toujours avec le même esprit de liberté et de
découverte ».
Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, retient elle
aussi sur Twitter un écrivain explorateur, avec qui « nous aimions voyager [...]
par les pieds, l'esprit, l'insatiable curiosité dans les arts et lettres.
Voyager ! ». Une idée reprise par Jacques Attali sur le même réseau social en
disant, à propos de La Modification : « Tout grand roman est un voyage et
celui-là plus qu'aucun autre ».
Butor immortel
Le philosophe Raphaël Enthoven, qui s'exprimait sur Europe
1, revient quant à lui sur « l'idée de génie » de l'écrivain, qui utilise la
seconde personne du pluriel pour « capturer littéralement son lecteur ». Une
invention qui rend sa lecture « inoubliable et déstabilisante », et rappelle que
« rien n'est moins stable qu'une identité ».
« Chaque mot écrit est une victoire contre la mort » affirmait
Michel Butor dans ses Entretiens avec Georges Charbonnier. L'écrivain Serge
Joncour croit aussi en l'immortalité du poète, en nuançant sur Twitter le poids
de sa disparition: « Disons qu'une partie très temporelle de son être s'en est
allée, laissant libre court à l'autre de continuer ».